Intercommunalités du Grand Amiénois
27ème ville française, Amiens est identifiée dans le SRADDET des Hauts-de-France (Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité du territoire) comme le relais métropolitain au profit du versant sud de la région. Première ville de Picardie en termes d’emplois et de population, l’agglomération réunit de nombreux équipements de rayonnement régional tels que le CHRU, le siège de l’université Picardie Jules Verne (et d’autres formations supérieures d’excellences à l’instar de l’ESAD ou d’Unilasalle), des équipements culturels comme le Zénith, le musée de Picardie ou la Maison de la Culture.
Deux guerres mondiales rapprochées, pour lesquelles le territoire fut confronté à de considérables destructions ainsi qu’à des pertes et émigrations de population, firent régresser Amiens dans la hiérarchie nationale (10ème ville de France en 1900). Pour autant, l’agglomération accueille un patrimoine naturel, historique et architectural majeur. La ville ne peut se lire sans avoir en tête la spécificité de son parc de logements constitué dans une large proportion de maisons mitoyennes, aussi bien ouvrières que bourgeoises - les amiénoises. La forme urbaine qui en découle semble nourrir les images que l’agglomération véhicule : celles d’une ville à taille humaine, peu dense où la nature s’immisce jusque dans son cœur.
Amiens Métropole, 46ème unité urbaine nationale, qui réunit un peu moins de la moitié de la population du Grand Amiénois et plus des deux tiers de ses emplois, exerce une influence notable à une échelle élargie. Cœur de chauffe et « turbine tertiaire » de l’aire urbaine, les enjeux que porte l’agglomération dépassent pour beaucoup son périmètre institutionnel. Dans les sept communautés de communes qui composent le Pôle Métropolitain, 4 actifs sur 10 s’y rendent pour travailler. Cette situation s’explique par l’indice de concentration de l’emploi très élevé qu’est celui d’Amiens Métropole : 140 emplois proposés pour 100 habitants actifs.
Ces quelques éléments de cadrage suffisent à indiquer la position singulière qu’occupe la communauté d’agglomération au sein du Grand Amiénois, et, d’une certaine manière, sa « responsabilité » vis-à-vis des autres territoires constitutifs du pays.
La communauté de communes du Pays du Coquelicot
Vaste intercommunalité de 65 communes s’étirant sur 430 km², le pays du Coquelicot pourrait s’intituler le pays des deux fleuves : la Somme traverse son extrémité sud-est, l’Authie y prend sa source à Coigneux.
L'une des principales spécificités de la communauté de communes se joue dans son rapport urbain rural. En effet, le pays du Coquelicot propose simultanément un cadre rural avec un grand nombre d’entités villageoises peu peuplées, et accueille Albert, deuxième commune du Grand Amiénois et troisième ville du département, qui structure fortement le quart nord-est du Pôle Métropolitain.
Depuis qu’Henry Potez établit en 1924 son usine de fabrication d’aéronefs à Méaulte, sa ville natale, l’aéronautique façonne l’histoire et la géographie économique du territoire. Aujourd'hui, par la prégnance d’Airbus Atlantic, de ses prestataires voisins, et des entreprises spécialisées en hydraulique et en mécanique, par le potentiel que proposent Industrilab et l’hôtel et pépinière d’entreprises « Le Hub », ce territoire est conforté dans l’industrie de pointe. Les sites de Méaulte, Albert et Bouzincourt sont de remarquables vecteurs du savoir-faire industriel du Grand Amiénois, ainsi que les éléments particulièrement singuliers de son identité économique. Ils expliquent également le maintien de la relative autonomie du territoire en termes d’emploi.
Territoire marqué par les vallées de la Somme et de l’Ancre, les cours d'eau lui offrent des paysages et des richesses naturelles remarquables et lui confèrent une possibilité de développement du tourisme de « nature » incontestable.
Le potentiel touristique du pays du Coquelicot repose également sur le souvenir d’événements parmi les plus tragiques du siècle dernier. Partout, le souvenir de la grande guerre est visible et rappelle au visiteur la violence de la bataille de la Somme. Ces épisodes ont longtemps marqué les hommes et les paysages. À travers son nom, le territoire rend hommage à la « fleur du souvenir » de McCrae, et montre qu’il s’appuie sur son histoire, inscrite dans sa Terre (trou de mine de La Boisselle, Beaumont-Hamel, Thiepval...), tout en sachant se projeter avec volontarisme, par l’innovation, dans l'avenir.
La communauté de communes du Val de Somme
Le Val de Somme est un territoire où géographie et histoire s’écrivent en lettres majuscules.
Traversé de part en part par la Somme, lieu de la confluence de cette dernière avec l’Ancre, ce sont donc les cours d’eau qui participent à la beauté de ses paysages et à la singularité de sa géographie.
Deux époques, distantes de près de mille ans, constituent la grande histoire de cet espace. Tout d’abord, à partir de Xe siècle, lorsque les moines du scriptorium, par l’utilisation de la minuscule caroline, font de l’Abbaye Royale Saint-Pierre de Corbie un haut lieu de la transmission culturelle et de la renaissance carolingienne. Puis, du siècle dernier, un semi de cimetières militaires du Commonwealth rappelle chaque jour l’époque de la grande guerre et d’une terre meurtrie. C’est ici que le corps expéditionnaire australien combattu avec acharnement et repoussa l’offensive allemande d’avril 1918.
Au-delà d’être ce lieu de mémoire au potentiel touristique évident, le Val de Somme présente la particularité d’être à la fois un espace périurbain, largement tourné vers l’agglomération amiénoise et un territoire bénéficiant d’une dynamique économique et résidentielle endogène. Si une large proportion de ses habitants travaille en effet dans Amiens Métropole (plus de 40 %), il accueille pour autant deux des communes structurantes du Grand Amiénois. Corbie est la 3ème ville du Grand Amiénois, Villers-Bretonneux est l’un des pôles les plus dynamiques en matière de progression démographique. La complémentarité entre ces deux entités apparaît comme un enjeu majeur pour l’avenir.
Le Val de Somme comporte également des pôles économiques significatifs avec Corbie et Villers-Bretonneux, mais aussi les sites industriels de Vecquemont et d’Aubigny rattachés à deux grands groupes européens. Le pôle corbéen offre, à cette partie du Grand Amiénois, des équipements culturels et sportifs majeurs tels que la piscine Calypso, une tête de réseau des médiathèques dotée d’une architecture ambitieuse, et le centre Adalhard (cinéma et spectacles). Enfin, le Val de Somme se caractérise également par une bonne desserte en transport collectif : la gare de Corbie est située sur la ligne Amiens-Lille et Villers-Bretonneux sur celle reliant Amiens à Saint-Quentin.
La communauté de communes Somme Sud-Ouest
La CC2SO est issue de la fusion des communautés de communes du Contynois, de Somme Sud-Ouest et de le Région de Oisemont. Riche de 119 communes, s’étendant sur 70 km le long d’un axe sud-est/nord-ouest, couvrant 901 km2, elle constitue la communauté la plus importantes en nombre de communes de la région Haut-de-France, et fait partie des neuf intercommunalités françaises dites XXL car rassemblant plus de 100 communes.
Au sein du Grand Amiénois, la singularité de la CC2SO est d’être un territoire de faible densité (43 habitants au km2) à la ruralité particulièrement affirmée (84% des communes comptent moins de 500 habitants) organisé au travers d’une structure multipolaire sans centralité majeure. Au nord de l’intercommunalité se trouvent les pôles structurants d’Airaines et Oisemont, tandis qu’au nord, les pôles de Poix-de-Picardie et Conty concentrent également services, équipements et activités économiques. En complément, un axe central que l’on pourrait qualifier « d’équatorial », est organisé par trois pôles de proximité — Quevauvillers, Hornoy-le-Bourg et Beaucamps-le-Vieux — qui jouent un rôle essentiel pour la vie quotidienne des habitants des espaces ruraux intermédiaires et dans la cohésion territoriale de cette vaste intercommunalité.
Le développement économique du territoire s’appuie sur le projet structurant que constitue la ZAC de la Mine d’Or à proximité de Poix-de-Picardie. Cette zone d’activités, idéalement située à la croisée des axes routiers Amiens-Rouen (D1029 et A29) et Abbeville-Beauvais (D901), est propice à l’accueil d’entreprises et d’équipements de loisirs d’intérêt communautaire. Pour accompagner son ambition en matière économique, la CC2SO porte, sur cette ZAC, deux projets particuliers : un hôtel rural d’entreprises particulièrement ambitieux dans sa programmation comme dans ses choix techniques et architecturaux, une cuisine centrale approvisionnée majoritairement en produits locaux.
Sa configuration géographique vis-à-vis de la Manche fait que la CC2SO est particulièrement propice à l’accueil d’aérogénérateurs (plus de 180 éoliennes installées). Par ailleurs, l’importance de son activité agricole qui est largement liée à des exploitations en polyculture-élevage, fait que cet EPCI est très approprié au développement de la production de biogaz par méthaniseur. En croisant électricité et méthanisation, c’est la filière de l’hydrogène vert qui peut trouver, à son tour, sa place sur ce territoire, qui se présente comme étant particulièrement bien placé pour s’inscrire comme leader dans la transition énergétique locale.
La communauté de communes Territoire Nord Picardie
Le Territoire Nord Picardie, issu de la fusion des communautés de communes du Bernavillois, du Doullenais et de Bocage-Hallue, présente une mosaïque de caractéristiques qui témoignent de la diversité et des dynamiques propres à cette partie du Grand Amiénois. Entre ruralité vivante, attractivité résidentielle périurbaine et polarité urbaine fragilisée, le territoire est un espace en pleine mutation.
Le Bernavillois conserve une densité de population faible et un maillage de petites communes rurales. Les espaces agricoles dominent, avec des paysages ponctués de pâtures et de haies qui cernent villages et bourgs. Cette ruralité confère au territoire une qualité environnementale marquée par l’importance de la présence de la terre, de l’eau et de l’air comme ressources nourricières essentielles.
Bocage-Hallue, quant à lui, offre un contraste entre son plateau agricole à l’ouest et la vallée verdoyante de l’Hallue à l’est. Sa proximité immédiate avec Amiens Métropole en fait un territoire périurbain où se côtoient grands logements individuels et ménages aux revenus relativement élevés. Cette partie du territoire conserve une attractivité résidentielle importante auprès de nouveaux ménages souvent issus de l’agglomération amiénoise ou d’autres pôles environnants.
La situation est plus complexe pour le Doullenais, sa ville-centre ayant vu son rôle structurant fragilisé par de nombreuses politiques nationales l’impactant simultanément. En effet, la base aérienne, premier employeur du territoire, la maternité et le tribunal furent fermés à la fin des années 2000. Ainsi, Doullens, antérieurement troisième ville du Grand Amiénois, a vu sa population diminuer de plus de 10 % depuis 2010, rétrogradant au cinquième rang.
Sur le plan économique, le territoire a été marqué par la perte d’emplois industriels, notamment à Doullens et Beauval. Cette réalité accentue les difficultés sociales, mais des perspectives émergent grâce à l’essor de l’économie résidentielle, aux opportunités offertes par le tourisme et à la zone d’activités de la Montignette dont la dynamique s’inscrit dans l’écosystème territorial de la zone industrielle d’Amiens Nord.
Le Territoire Nord-Picardie dans son ensemble est confronté au vieillissement démographique, le Doullenais et le Bernavillois, partir du milieu des années 2010, ayant vu leur attractivité résidentielle prendre fin. Pour autant, le Territoire Nord-Picardie bénéficie d’atouts tels que sa double situation géographique stratégique, à l’entrée du Grand Amiénois depuis Arras au nord, et au contact d’Amiens Métropole au sud. La diversité de son offre touristique (patrimoines bâtis variés, espaces naturels vallées), encore sous-exploitée, présente un fort potentiel à même de conforter l’identité du territoire.
La communauté de communes Avre-Luce-Noye
Issue d’une fusion entre les communautés de communes Avre-Luce-Moreuil et du Val de Noye, la communauté de communes Avre Luce Noye (CCALN) regroupe 47 communes et s’étend sur 422 km² dans le sud-est de la Somme. Avec près de 22 000 habitants, elle se situe presque en totalité dans l’aire d’attractivité d’Amiens.
La CCALN se distingue par sa faible densité (environ 56 habitants par km²) et par sa dynamique démographique positive. Depuis les années 1970, sa population est en croissance régulière grâce à un solde naturel excédentaire induit par l’implantation de jeunes ménages primo-accédants, et du fait d’une attractivité résidentielle quasi continue. Cette attractivité est également nourrie par une bonne accessibilité ferroviaire vers de grands pôle d’emplois, notamment via les gares de Moreuil (ligne Amiens – Compiègne) et Ailly-sur-Noye (ligne Amiens – Paris). Cette dernière gare offre un accès direct à Paris en 1h30.
L’organisation territoriale repose sur deux pôles urbains structurants, Moreuil / Morisel et Ailly-sur-Noye / Jumel, qui concentrent équipements, services et activités économiques. Les autres communes, au caractère rural, s’intègrent dans un maillage qui s’appuie sur quelques pôles relais de taille modeste (Hangest-en-Santerre, Flers-sur-Noye…).
S’inscrivant pour partie dans la riche plaine du Santerre, le territoire s’appuie sur une économie agricole productive. Les zones d’activités, notamment celles de Moreuil et d’Ailly-sur-Noye, accueillent quelques entreprises industrielles d’importance (le chimiste PPG, le producteur d’échelles Tubesca-Comabi ou encore le sous-traitant automobile Cottinet). L’intercommunalité encourage la diversification des activités dans le secteur touristique, grâce à des sites patrimoniaux (Château de Folleville) et naturels comme les vallées de la Noye et de la Luce, et en s’appuyant sur la notoriété apportée par le spectacle nocturne du « Souffle de la Terre » organisé chaque été.
Avec ses paysages variés (plaine, plateaux), ses vallées verdoyantes et ses villages picards typiques, la CCALN offre un cadre de vie privilégié. Des actions ciblées visent à préserver cette richesse environnementale, notamment à travers des projets de continuités écologiques et la mise en valeur de zones humides et boisées.
La communauté de communes du Grand Roye
La Communauté de Communes du Grand Roye est issue de la fusion entre la communauté du Grand Roye « ancienne version » et celle du Canton de Montdidier. Regroupant 62 communes et accueillant 25 600 habitants, elle constitue un vaste territoire rural et périurbain qui s’étend sur près de 400 km², à l’est de la Somme.
Composante du Santerre à la terre si fertile, le Grand Roye repose sur une économie agricole forte, marquée par des productions céréalières, betteravières et de pomme de terre, et par la présence de la dernière usine sucrière de la Somme.
Bénéficiant d’une situation géographique privilégiée, le territoire est traversé par l’autoroute A1, offrant un accès direct aux grands axes de circulation entre Paris et Lille, ainsi que par la LGV Nord, offrant au secteur de Roye une relative proximité à la gare TGV Haute-Picardie. Par ailleurs, le futur Canal Seine Nord Europe tangentera l’intercommunalité. Ces infrastructures font du Grand Roye un carrefour stratégique dans la région et un atout pour son attractivité économique, notamment pour les activités logistiques. Malgré ce dynamisme, le territoire fait face à des défis liés au chômage, induits par une inadéquation entre les qualifications locales et les emplois proposés, et à un manque de formations adaptées.
Roye et Montdidier, les deux pôles urbains principaux, structurent le territoire en termes d’équipements et de services. Ces deux villes concentrent la majeure partie des entreprises et des emplois, organisant des bassins de vie complémentaires. Montdidier, sous-préfecture, avec son patrimoine et ses initiatives anciennes en matière de transition énergétique, et Roye, forte de son héritage agro-industriel et de sa position stratégique, incarnent les deux piliers du développement local. Toutefois, sur la dernière décennie, cette dernière est confrontée à une érosion très significative de son poids démographique.
Plus largement, un vieillissant accéléré de la population et un défi en matière de renouvellement démographique se font jour. Au travers de l’OPAH actuellement conduite, le réinvestissement des logements vacants, particulièrement à Roye et Montdidier, reste une priorité pour conforter les centralités et pour freiner l’étalement urbain.
La communauté de communes Nièvre & Somme
La Communauté de communes Nièvre & Somme comporte 36 communes et résulte de la fusion entre la communauté Ouest Amiens et celle du Val de Nièvre et environs, deux territoires aux trajectoires à la fois distinctes et complémentaires.
Les vallées de la Somme et de la Nièvre ont été étroitement liées à l’essor de l’industrie textile des siècles passés. Le Val de Nièvre est intimement lié à l’histoire de l’entreprise Saint-Frères dont les différents sites ont façonné les paysages, l’urbanisme et les structures sociales. De son côté, Ouest Amiens conserve les traces de son passé industriel le long de la vallée de la Somme, notamment sur l’axe Ailly-sur-Somme/Breilly/Picquigny, marqué par un tissu urbain dense et des infrastructures majeures.
Très secoué par les disparitions massives d’emplois, le territoire a amorcé une reconversion. La friche industrielle de Picquigny, transformée en pépinière d’entreprises, et les développements au sein de Flixecourt ont illustré une première phase d’intervention. Les zones d’activité successives du Val de Nièvre, des Bornes du Temps 1 et 2, et des Hauts Plateaux ont constitués, plus récemment, les leviers de la transformation économique. Elles ont offert des opportunités pour attirer de nouvelles entreprises bien que le défi de l’emploi reste prégnant sur le Val de Nièvre.
Nièvre & Somme se caractérise par ses atouts environnementaux et touristiques. La vallée de la Somme, avec ses zones humides, ses bois et ses coteaux calcaires, constitue un espace naturel remarquable. Le site ludo-éducatif Samara, les sports nautiques variés et la véloroute de la vallée idéale constituent, notamment, des destinations diversifiées de grand intérêt.
Les deux anciens territoires partagent aujourd’hui des défis communs. Ils sont confrontés à une perte de population récente due à une baisse significative des naissances et à un déficit migratoire accru. Le Val de Nièvre, en mutation depuis les années 90, souffre encore de fragilités sociales, alors que les communes de l’ex Ouest Amiens, espace privilégié de la première périurbanisation amiénoise, sont confrontées au vieillissement des classes moyennes alors installées. Mais Nièvre & Somme bénéficie, pour son avenir, d’un positionnement que l’on peut considérer comme stratégique entre Amiens et Abbeville.